6 Décembre 2012
ARTICLE DE SOPHIE CABITEN POUR L'HEBDO MARSEILLE:
SOCIETE Dans la mouvance des cafés philo, Marseille voit naître ses
premiers ateliers pour Platons en culotte courte, pour former les
esprits des citoyens de demain.
Phil’osons : petites expériences de la pensée
Des questions existentielles, elle en a des centaines, Rosalie. Sept
ans et demi, le carré blond, la barrette sur le côté, elle s’installe,
impatiente, à la droite de Valérie. Au programme ce samedi là, «
qu’est-ce que le beau ? » Une fable, quelques livres, il n’en faut pas
beaucoup pour lancer la discussion, philosophique, évidemment. « Je
choisis une histoire, une image comme points de départ, précise
Valérie Dufayet, la professeur de philo qui anime ces ateliers
Phil’osons chez Maupetit., et des perceptions on remonte
progressivement vers les idées. Je les guide, je reformule, mais ce
sont eux qui font naître la réflexion… » Gaspard, 5 ans, Gradiva, 6
ans, Loa, 11 ans, montrent ce qui pour eux est beau, tentent de dire
pourquoi. « C’est beau, parce que ça rend heureux ! », s’exclame
Gradiva. « Des fois c’est moche, mais c’est beau aussi, ajoute
Rosalie, comme quand ma petite cousine avait fait un grabouillage…
C’est abstrait, quoi ! » Experte, Valérie déstabilise leurs a priori,
les pousse à aller plus loin : « Tu as raison, parfois ce qui est
laid, on trouve ça beau. D’ailleurs, le beau est-il le même pour tout
le monde ? » Les réponses fusent, parfois déroutantes, souvent
pertinentes. Etonnantes, toujours. « Leur parole est très libre,
explique Valérie, ils ne sont pas encore formatés, contrairement à mes
élèves, qui à 17 ans, ont déjà une pensée normée, un peu figée. Ces
petits bouts, eux, affirment parfois tout et l’inverse, ils s’en
fichent ! C’est un vrai bol d’air ! »
Une respiration, l’écoute d’un extrait de Vivaldi. A cet âge, ni
méthode, ni dialectique. Juste un travail d’opinions, de comment
penser par soi-même et non pas comme les autres. Au passage, la
philosophe dépose, par touches, un peu de théorie. « Tu vois, Kant a
dit comme toi : quand quelque chose est si beau qu’on ne peut rien
imaginer de mieux, ça s’appelle le sublime. Mais c’est très difficile
de s’entendre sur le beau. Le beau n’est pas total… » Se méfier des
apparences, trouver beau ce que l’on aime, le groupe avance, à petits
pas. « Le bien et le mal, l’amour, la justice, ils découvrent tous les
sens des idées, cherchent ce qu’elles cachent, remarque Valérie. Moi,
ce que je veux, c’est qu’ils comprennent qu’il n’y a pas de mauvaise
question ! Qu’ils n’aient pas peur de se tromper, qu’ils osent prendre
la parole. Et, je l’espère, qu’ils sachent la conserver adultes, cette
belle liberté… » Une heure est passée. « Déjà ? », s’étonne Rosalie.
Déjà, oui. Le temps est relatif, n’est-ce pas ? A discuter, peut-être,
au prochain atelier.
Ateliers Phil’osons de Valérie Dufayet
atelierphilosons@gmail.com
06 69 35 21 53
Professeur de Philosophie
Organisatrice d'Ateliers de Philosophie pour enfants et adultes
Consultation philosophique
Formatrice pour Atelier Phil'Osons en Entreprises et Associations
Animatrice de rencontres culturelles
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